La question de la décentralisation revient en force en ce moment. Le débat inusable et même éternel entre la nécessité d’instaurer une forme d’autonomie locale dans les régions et en même temps que l’Etat continue d’exercer un pouvoir décisionnel unilatéral, se pose et s’impose.
Qu’est-ce qui est le mieux pour notre pays ? Un schéma centralisateur, le même adopté depuis des dizaines d’années ou un programme décentralisé où les régions se prennent en charge et participent à l’élaboration de plans de développement les concernant ?
Aussi passionnante que puisse paraître cette question, la réponse est toute prête. C’est que le schéma actuel qui s’appuie sur la centralisation, c’est-à-dire une conception et une mise en œuvre des plans de développement imposées par la capitale, a montré ses limites depuis des années, voire des décennies. Avec à la clé, le gaspillage des ressources et le manque d’efficacité. Du fait que le siège central, totalement déconnecté des régions, décrète programmes et plans. Et même la décentralisation imposée depuis 2018 au niveau des conseils municipaux n’a pas réussi à changer la donne.
C’est une question de culture et de mentalité ignorant les vertus de la décentralisation en matière de pilotage des projets et des actions publiques. En même temps, il y a une énorme différence entre la décentralisation, comme étant une autonomie étudiée et un gain de délais et de productivité, en se basant sur le terrain et la réalité des régions, et cette anarchie et émiettement dangereux de l’autorité publique tels que certains le préconisent. Oui, les régions doivent exposer leurs besoins, diagnostiquer leurs ressources et afficher leurs ambitions. Mais c’est le gouvernement qui conduit la politique nationale.
Les régions ne sont pas souveraines, celles-ci relèvent d’un territoire et d’un Etat national, la Tunisie. Donc accaparer les ressources concentrées localement sous prétexte que les enfants de cette région, et uniquement eux, doivent en bénéficier, est une hérésie qui bat en brèche le principe de souveraineté nationale.
La centralisation poussée à son extrême représente un schéma obsolète qui devra être dépassé. C’est inévitable ! En même temps, et faute de textes et d’expériences concluantes, on ne peut plonger dans l’inconnue d’une décentralisation totale avec les risques qu’elle représente de fragmentation de l’Etat. Faisons bien attention !